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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/61

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Pourquoi, au fait, son procès eût-il été plus long que celui du duc d’Enghien ?

Le journal du 9 arriva. Au lieu des lignes qu’on s’attendait à y trouver, on lut que le fugitif avait été à Castellane, à Barrême, et s’était arrêté un instant à Matigny, d’où il avait lancé une proclamation aux habitants des Hautes-Alpes.

Par une marche incroyable chez un si grand stratégiste que l’était Napoléon, le fugitif fuyait sur Paris !

Au reste, M. le comte d’Artois était parti pour Lyon. C’était bien de l’honneur faire à un pareil homme que de lui envoyer, pour lui barrer le passage, le premier prince du sang. Il était accompagné du duc d’Orléans et du maréchal duc de Tarente.

En outre, une ordonnance royale, rendue sur la proposition du duc de Dalmatie, ministre de la guerre, avait rappelé sous les drapeaux les officiers à la demi-solde, pour être formés en un corps d’élite, dans tous les chefs-lieux de département.

Une autre ordonnance, rendue le même jour, mettait en activité la garde nationale de Paris.

Le 10, la nouvelle d’une grande victoire remportée par le duc d’Orléans sur l’usurpateur se répandit à Paris, et de là en province. — Un officier de la maison du roi avait paru sur le balcon des Tuileries, et, agitant son chapeau, avait annoncé que le roi venait de recevoir l’avis officiel que M. le duc d’Orléans, à la tête de vingt mille hommes de garde nationale, avait attaqué l’usurpateur dans la direction de Bourgoin, et l’avait complètement battu.

Malheureusement, le 12, les journaux annonçaient le retour à Paris du prince soi-disant vainqueur.

Le Moniteur annonçait même que Napoléon avait dû coucher à Bourgoin le 9 ; qu’on s’attendait à ce qu’il entrerait peut-être dans la soirée du 10 mars à Lyon, mais qu’il paraissait certain que Grenoble ne lui avait pas encore ouvert ses portes.

Voilà où l’on en était des nouvelles à Villers-Cotterets, en retard d’un jour sur Paris, lorsque éclata une conspiration qui, sans s’y rattacher en aucune manière, présentait cepen-