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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/17

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

C’était ce que l’on appela le comité directeur ; le titre indiquait le but.

Ce comité directeur se composait du général la Fayette, de Georges la Fayette, son fils, de Manuel, de Dupont (de l’Eure), de Corcelles père, de Voyer-d’Argenson, de Jacques Kœchlin, du général Thiars, et de MM. Mérilhou et Chevalier.

Dans les questions militaires, le comité s’adjoignait les généraux Corbineau et Tarayre.

Le comité directeur et la haute vente se mirent en communication.

Pendant quelque temps, les réunions n’eurent pour objet que des discussions générales ; les jeunes carbonari se défiaient des vieux libéraux au moins autant que ceux-ci se défiaient d’eux à leur tour. Les carbonari accusaient les libéraux de faiblesse et d’hésitation ; les libéraux accusaient les carbonari d’imprudence et de légèreté : ils eussent dû simplement s’accuser, les uns d’être jeunes, les autres d’être vieux.

Aussi, les carbonari avaient-ils organisé toute la conjuration de Béfort, sans en dire un mot au comité directeur.

Cependant Bazard était lié avec la Fayette : il connaissait le général, son ardent désir de popularité. Or, la popularité, en 1821, était dans l’opposition. Plus ou était avancé, plus on était populaire. Bazard répondit du général, et demanda d’être autorisé à réclamer son concours. Il obtint cette autorisation.

La Fayette avait cela d’admirable, c’est que, sans initiative personnelle, il cédait à la première pression, et marchait alors en avant plus loin et plus droit que qui ce fût au monde.

On révéla à la Fayette le secret de la haute vente. On lui offrit d’y entrer. La Fayette accepta, fut reçu et devint un des chefs actifs de la conspiration de Béfort.

Cette fois, il risquait sa tête, ni plus ni moins que le dernier des conjurés.

Les plus hardis de la Chambre le suivirent, et s’engagèrent avec lui.

C’étaient Voyer-d’Argenson, Dupont (de l’Eure), Manuel, Jacques Kœchlin, de Corcelles père.