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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/180

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

dant son sommeil ; qu’à partir de ce moment, elle ne fit plus que languir, et qu’au bout de trois jours, elle mourut ; que ce qu’elle avait dit du fils de Millo, l’ayant fait reconnaître pour un vampire, on l’exhuma, et on le trouva dans les conditions voulues pour qu’on ne conservât aucun doute sur le fait de vampirisme ; que l’on découvrit enfin, après avoir bien cherché, que le défunt Arnold-Paul avait tué, non-seulement les quatre personnes dont nous avons parlé, mais encore plusieurs bestiaux dont les nouveaux vampires, et particulièrement le fils de Millo, avaient mangé ; que, sur ces indices, on prit la résolution de déterrer tous ceux qui étaient morts depuis un certain temps, et que, parmi une quarantaine de cadavres, on en trouva dix-sept avec tous les signes évidents du vampirisme ; qu’en conséquence, on leur a transpercé le cœur et coupé la tête, et qu’ensuite on les a brûlés et qu’on a jeté leurs corps dans la rivière.

— Le livre où se trouve ce procès-verbal, monsieur, coûte-t-il aussi cher qu’un Elzévir ?

— Oh ! ma foi, non ! Vous le trouverez partout : 2 volumes in-18, de 480 pages chacun, chez Techener, Guillemot ou Frank. Cela vous coûtera cinquante sous ou trois francs.

— Merci. Je me donnerai la satisfaction de l’acheter.

— Maintenant, voulez-vous me laisser en aller ?… Il y a trois ans, le dernier acte ne m’a pas paru très-bon ; aujourd’hui, il me paraîtrait pire encore.

— Si vous le voulez absolument, monsieur…

— Oui, vraiment, vous me rendrez service.

— Mais, auparavant, s’il vous plaît, un conseil ?

— Avec le plus grand plaisir… Parlez.

— Avant d’entrer à l’orchestre, j’étais entré au parterre, et j’y avais eu une petite affaire.

— Ah ! c’est vous ?…

— C’est moi.

— Qui avez ?…

— Oui.

— Donné ?…

— Oui.