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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/246

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

fait, se relirait en chaulant le même chœur, avec cette légère variante :

Nous avons vu juger
Cet étranger,
Qui fut bien léger !
À l’audience,
On défend l’innocence,
Et l’on sait la venger.

Mais, comme les déjeuners, les dîners, les soupers sont plus fréquents au théâtre que les étrangers condamnés à épouser des Anglaises, il existait un chœur de Dumanoir qui, utilisé chaque fois qu’on se mettait à table, donnait au public une idée de l’ivresse des convives.

Ceux-ci chantaient donc :

Quel repas
Plein d’appas,
Où, gai convive,
L’Amour arrive !…
Quel repas
Plein d’appas !
On n’en fait pas
De pareils ici-bas !

Malgré les saintes lois de la propriété, plus respectées, on le sait, parmi les auteurs dramatiques que dans aucune autre classe de la société, un jour, Adolphe se permit de subtiliser ce couplet, et eut l’audace de le mettre dans une pièce à lui, sans prendre la peine d’y changer un iota.

Ce fut toute une histoire : menacé d’un procès par Dumanoir, il ne s’en tira qu’en lui prêtant, en échange de ce chœur de convives, un chœur de danseurs.

Voici le chœur de Leuven ; on verra que, si Dumanoir n’y gagnait pas beaucoup, il n’y perdait pas grand’chose :

À la danse,
À la danse,
Allons, amis, que l’on s’élance !