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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/288

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— N’est-ce pas dans le Chevalier de Maison-Rouge qu’il y a le fameux chœur :

Mourir pour la patrie ?

— Oui.

— Eh bien, nous ne laisserons pas jouer le Chevalier de Maison-Rouge !

— Vous ne laisserez pas jouer le Chevalier de Maison-Rouge ?

— Non, non, non, non, non.

— Mais pourquoi cela ?

Alors, vous me regardâtes en face, et vous me dites :

— Mais vous ne savez donc pas que le Chevalier de Maison-Rouge a contribué à l’avénement de la République ?

Vous me dites cela, monsieur Guizard ! vous me fîtes ce singulier aveu, l’an iii de la République ! M. Léon Faucher étant ministre de la République ! vous, monsieur Guizard, étant directeur des beaux-arts de la République !

Je fus si étourdi de la riposte, que je ne trouvai que cette réponse à vous faire :

— Comment diable se fait-il que, moi qui ai perdu deux cent mille francs à peu près à l’avénement de la République, je sois républicain, tandis que, vous qui y avez gagné une place rapportant une dizaine de mille francs, vous soyez réactionnaire ?…

Il est vrai que vous ne daignâtes point me donner la raison de cette anomalie, que je sortis de votre cabinet sans l’avoir trouvée, et qu’aujourd’hui, au moment où j’écris ces lignes, je la cherche encore !

Or, dans l’espérance qu’il se trouvera un chercheur d’énigmes plus fort que moi, je me suis résolu à imprimer ce qui m’est arrivé à moi, il y a trois mois, et ce qui est arrivé à Gautier aujourd’hui.

Que voulez-vous ! chacun se sert de l’outil ou de l’instrument qu’il a en main : les uns ont des ciseaux, et ils coupent ; les autres ont un burin, et ils gravent !

Moi, ce que j’écris, je vous en préviens, monsieur Guizard, ce que j’écris se traduit en huit ou neuf langues différentes.