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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 4.djvu/112

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

tion devenait plus sérieuse : Byron avait eu la fièvre toute la nuit et paraissait très-affaissé.

Fletcher lui prépara un peu d’arrow-root ; il en prit deux ou trois cuillerées ; puis, rendant le breuvage au vieux serviteur :

— C’est excellent, dit-il ; mais je n’en puis boire davantage.

Le troisième jour, Fletcher commença d’être sérieusement inquiet ; jamais, dans les rhumes précédents, son maître n’avait perdu le sommeil, et, cette fois, il ne pouvait absolument dormir.

Il alla donc chez les deux médecins de la ville, les docteurs Bruno et Millingen, et leur fit plusieurs questions sur la maladie dont ils croyaient lord Byron atteint.

Tous deux affirmèrent au vieux valet de chambre qu’il n’avait rien à craindre, que son maître ne courait aucun danger. Ils ne demandaient que deux ou trois jours pour le remettre sur pied, et, alors, disaient-ils, il n’y paraîtrait plus.

Cela se passait le 13.

Le 14, malgré l’assurance des deux docteurs, voyant que la fièvre ne quittait pas son maître, et que le malade ne dormait point, Fletcher supplia Byron de lui permettre d’envoyer chercher le médecin Thomas, de Zante.

— Consultez là-dessus les deux docteurs, répondit le malade, et faites ce qu’ils vous diront. Fletcher obéit. Les deux docteurs répondirent que l’adjonction d’un troisième médecin leur paraissait tout à fait inutile. Fletcher vint apporter cette réponse à son maître, qui secoua la tête et dit :

— J’ai bien peur qu’ils n’entendent rien à ma maladie.

— Mais, en ce cas, insista Fletcher, faites venir un autre médecin, milord.

— Ils me disent, continua Byron sans répondre directement à Fletcher, ils me disent que c’est un rhume comme ceux que j’ai déjà eus.

— Et, moi, répondit le valet de chambre, je suis sûr, milord, que vous n’en avez jamais eu de si sérieux.

— Moi aussi, reprit Byron.