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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 4.djvu/168

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

thie pour le talent et le caractère du noble général et de l’illustre tribun, courut dans Paris :

Air Tous les bourgeois de Châtres

Bon Dieu ! quelle cohue !
Quel attroupement noir !
Il tient toute la rue
Aussi loin qu’on peut voir.
Est-ce pompe funèbre ou pompe triomphale ?
Est-il mort quelque gros richard ?
Car j’aperçois là-bas le char
D’une altesse royale.

Est-ce un songe civique ?
Est-ce un de ses héros
Qu’ainsi la république
Mène au champ du repos ?
Un déluge nouveau fond sur la capitale ;
On ferait rentrer un canard !
Dehors pourquoi voit-on le char
D’une altesse royale ?

Appuyé sur sa canne,
Un vieil et bon bourgeois
Me regarde, ricane,
Et me dit à mi-voix :
« Un carbonaro mort cause tout ce scandale ;
Tout frère a son billet de part ;
C’est pourquoi nous voyons le char
D’une altesse royale.

» Le défunt qu’on révère,
C’est Foy l’homme de bien,
C’est Foy l’homme de guerre,
C’est Foy le citoyen.
Jamais à sa vertu, vertu ne fut égale !
Moi, je n’en crois rien pour ma part ;
Mais, ici, j’aime à voir le char
D’une altesse royale.