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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 4.djvu/179

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Vous voyez bien qu’il y avait une cause à cette guerre de Russie, à laquelle vous vous obstinez à ne voir d’autre cause que le refus de la princesse Olga !

Alexandre vaincu, on le contraindrait à faire de force ce qu’il n’avait pas voulu faire de bonne volonté.

Mais les desseins de Dieu étaient ailleurs.

CII

L’empereur Alexandre. — Lettre du czar Nicolas à Karamsine. — L’histoire à la manière de Suétone et de Saint-Simon. — Catherine et Potemkine. — Madame Braniska. — Le prix de la course impériale. — Un bal chez M. de Caulaincourt. — L’homme à la pipe. — Le pilote et le cocher de l’empereur.

Disons quelques mots de cet empereur qui avait failli à cette haute mission de partager le monde avec Napoléon, et de ce grand duc Constantin que l’Europe tout entière, écartée du secret de famille que nous allons dire, regardait comme son successeur.

L’histoire de Russie est la plus obscure de toutes, non qu’elle ne mérite pas d’être connue, mais parce que personne n’ose l’écrire. Un seul homme reçut cette mission, Karamsine, et il mourut, sans l’avoir accomplie, le 3 juin 1826, au palais de la Tauride, où le logeait l’empereur.

Vingt jours avant cette mort, l’empereur Nicolas, depuis six mois sur le trône, lui avait écrit la lettre suivante, laquelle pourrait servir d’exemple à certains chefs de gouvernement qui se croient plus avancés en idées libérales que ne l’est, disent-ils, le czar de toutes les Russies.

« Czarkosjelo, 25 mai 1826.
» Nicolaï-Mikaïlovitch,

» Le dérangement de votre santé vous oblige à quitter pour un temps votre patrie, et à chercher des climats plus doux ; c’est un plaisir pour moi de vous exprimer, à cette occasion,