tance du dîner, se chargea elle-même de veiller à ses apprêts et à son service.
On avait invité Rousseau par lettre, outre l’invitation verbale.
Au bas de la lettre, comme on met sur les invitations de bal : « On dansera, » on avait mis : « Il y aura deux bouteilles de vin de Champagne. »
Rousseau n’eut garde de manquer.
Rien ne lui avait plu : ni mélodrames ni vaudevilles.
Ces mélodrames étaient tirés de romans trop connus, où il y avait d’autres mélodrames reçus sous le même titre.
Les vaudevilles étaient faits sur des idées qui traînaient partout.
Il y avait dans ce jugement de quoi désespérer des hommes plus forts que nous.
Cependant, une idée d’Adolphe réconforta notre courage, et consola notre amour-propre.
— Il ne les a pas lus, me dit-il tout bas.
— C’est probable, répondis-je.
Cette quasi-conviction nous rendit un peu de gaieté. Au dessert, je racontai plusieurs histoires, et, entre autres, une histoire de chasse.
— Eh bien, mais, s’écria Rousseau, comment ! vous nous racontez de belles histoires comme celle-là, et vous vous amusez à emprunter des mélodrames à Florian, et des contes à M. Bouilly ; mais il y a, dans l’histoire que vous venez de nous raconter, un vaudeville intitulé ; la Chasse et l’Amour.
— Vous trouvez ? nous écriâmes-nous.
À cette époque, nous ne nous permettions pas encore de tutoyer Rousseau.
— Parbleu !
— Eh bien, mais, si nous le faisions ce vaudeville ?
— Faisons-le ! répétâmes-nous en chœur.
— Un instant, un instant, dit Rousseau ; il reste encore une bouteille de champagne : buvons-la.
— Oui, dit Adolphe, et on en fera monter une troisième pour arroser le plan que nous allons faire immédiatement.