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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Ecoutons… le timbre sonore
Lentement frémit douze fois ;
Il se tait… je l’écoute encore,
Et l’année expire à sa voix.
C’en est fait ! en vain je l’appelle !
Adieu !… Salut, sa sœur nouvelle !
Salut !… quels dons chargent ta main ?
Quel bien nous apporte ton aile ?
Quels beaux jours dorment dans ton sein ?
Que dis-je ! à mon âme tremblante
Ne révèle pas tes secrets !
D’espoir, de jeunesse et d’attraits,
Aujourd’hui tu parais brillante ;
Et ta course, insensible et lente,
Peut-être amène les regrets.
Ainsi chaque soleil se lève
Témoin de nos vœux insensés,
Et, chaque jour, son cours s’achève
En emportant, comme un vain rêve,
Nos vœux déçus et dispersés…
Mais l’espérance fantastique,
Répandant sa clarté magique
Dans la nuit du sombre avenir,
Nous guide, d’année en d’année,
Jusqu’à l’aurore fortunée
Du jour qui ne doit point finir !

Il y avait encore, au milieu de tout cela, un poëte charmant, un poëte dont aujourd’hui tout le monde peut-être a oublié le nom, excepté moi, qui ai fait vœu de me souvenir. Il s’appelait Denne-Baron.

Nous publiâmes de lui, inspirée par le tableau de Prudhon, une pièce de vers intitulée Zéphire.

La voici. Dites si vous avez jamais vu quelque chose de plus suave.

Il est un demi-dieu, charmant, léger, volage ;
Il devance l’aurore, et, d’ombrage en ombrage,
Il fuit devant le char du jour ;