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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 4.djvu/256

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

et que nos docteurs désirent avoir de toi des renseignements sur l’époque antérieure à celle où ils ont été appelés.

En effet, une nouvelle consultation eut lieu le 12, à laquelle assista le jeune docteur. Sur onze médecins qui la composaient, deux ou trois seulement conservaient quelque espoir. Cependant, les nouveaux moyens proposés calmèrent les vomissements, qui, d’ailleurs, cessèrent tout à fait dans les derniers jours.

Lorsque les médecins se rapprochèrent du lit :

— Eh bien, leur demanda Talma, est-ce fini ? Je ferai tout ce que vous voudrez, me voilà !… Au reste, je doute que vous puissiez me tirer de là, et j’en ai pris mon parti. Mais ce qui me chagrine surtout, et ce que je vous recommande, ce sont mes yeux : je crains de perdre la vue.

Un second neveu de Talma, nommé Charles Jeannin, arriva de Bruxelles le 16. Il fallut de grandes précautions pour prévenir Talma de cette visite.

Rien ne lui échappait de ce qui se passait autour de lui. — MM. Dupuytren, Biett et Begin, étaient près de la cheminée et parlaient bas. Talma saisit quelques mots de leur conversation.

— Que dites-vous là ? demanda-t-il.

Alors, sans répondre, M. Dupuytren s’approcha d’Amédée Talma.

— Je demandais à ces messieurs, dit-il au jeune homme, si Talma était prévenu des visites de l’archevêque.

En effet, l’archevêque venait presque tous les jours, mais on n’avait pas voulu le laisser pénétrer près du malade.

— De l’archevêque ? répéta Talma ; que dites-vous de l’archevêque ?

Amédée s’empressa de répondre :

— M. Dupuytren disait à ces messieurs, mon oncle, que, chaque jour, l’archevêque de Paris lui demandait de vos nouvelles.

— Ah ! ce bon archevêque, dit Talma, je suis bien touché de son souvenir… Je l’ai connu autrefois chez la comtesse de Wagram : c’est un bien digne homme !