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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 4.djvu/272

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

rité à laquelle la malveillance elle-même n’eût rien trouvé à reprendre, et qu’en somme on était injuste peut-être, mais non malveillant pour moi, il n’y eut pas moyen de me refuser la place d’Ernest, que j’allai demander à Oudard comme une chose qui m’était due.

Ma demande me fut accordée. Seulement, on me fit passer du bureau du secrétariat au bureau des secours.

Le bureau des secours était bien une succursale du secrétariat ; mais, il faut le dire, cette succursale était placée sur une échelle secondaire.

Ce que j’eusse regretté au secrétariat, c’était Lassagne ; mais un changement s’était fait, depuis quelque temps, dans la topographie des bureaux, et, en sa qualité de sous-chef, il avait obtenu un cabinet pour lui seul.

Il en résultait que j’étais tout aussi près de lui, au bureau des secours, que je l’eusse été dans le nouvel aménagement du secrétariat.

Je gagnais deux choses à ce changement.

D’abord, une augmentation d’appointements ; ensuite, une liberté plus grande, puisque, chargé de prendre des renseignements sur les malheureux qui demandaient des secours, je passais parfois mes journées entières à courir Paris d’un bout à l’autre.

J’aurais bien voulu, comme compensation à ces deux choses que je gagnais, perdre mon portefeuille, mais il n’y eut pas moyen.

Malgré cette augmentation d’appointements qui m’était accordée, et malgré cette liberté qui m’était acquise, ma mère vit une disgrâce à ce changement opéré dans ma position.

Ma mère ne se trompait pas, et, d’ailleurs, se fût-elle abusée, on eût eu soin, chez M. Deviolaine, de redresser ses idées à cet égard.

Au reste, un véritable malheur menaçait de frapper cette famille, qui était la nôtre. Depuis quelque temps, Félix Deviolaine, très-vigoureusement constitué en apparence, toussait et s’affaiblissait. Inquiet de cette langueur à laquelle il se sentait aller malgré lui, il vint me trouver un jour, et me pria de