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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 4.djvu/44

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Comment ! s’écria le jeune homme, vous croyez que je serai soupçonné ?

— Je crois du moins, répondit M. Pelletan, que l’on prendra toutes les précautions imaginables pour s’assurer des causes de la mort. Quant à M. Pigache et à moi, en ce qui nous concerne, nous déclarons que l’ouverture doit être faite juridiquement.

— Oh ! monsieur, s’écria le jeune homme, c’est le plus grand service que vous puissiez me rendre ; insistez là-dessus, demandez que l’ouverture soit faite, vous me servirez de père en cette occasion.

— C’est bien, monsieur, répondit le docteur Pelletan le voyant fort agité ; ne vous troublez point ; non-seulement la chose sera faite, mais encore elle le sera avec tout le scrupule imaginable, et nous y mettrons toute l’attention dont nous sommes capables.

Entre midi et une heure, c’est-à-dire trente ou quarante minutes après cette conversation, le mourant expira.

Le lecteur a déjà reconnu les deux auteurs principaux de ce drame à la désignation du lieu où il se passe, aux détails de l’agonie de la victime.

Le mort était Claude-Auguste Ballet, avocat, âgé de vingt-cinq ans, fils d’un riche notaire de Paris.

Son ami était Edme-Samuel Castaing, âgé de vingt-sept ans moins quelques jours, docteur en médecine, né à Alençon, demeurant à Paris, rue d’Enfer, n° 31.

Son père, homme honorable sous tous les rapports, était inspecteur général des forêts, chevalier de la Légion d’honneur.

Une heure après la mort d’Auguste Ballet, M. Martignon, son beau-frère, prévenu par une lettre de Castaing qu’Auguste Ballet ne passerait pas la journée, accourut à Saint-Cloud, et, en effet, trouva le malade expiré.

Pendant qu’on procédait dans l’auberge à la recherche de tous les objets pouvant jeter quelque lueur sur la cause de cette mort, Castaing, encore libre, s’absenta pendant près de deux heures.