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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 4.djvu/52

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Elle lui fut envoyée ainsi, mais ne lui arriva que passée au vinaigre.

On craignait que la bénédiction paternelle ne cachât quelque poison, à l’aide duquel Castaing trouvât moyen de ne pas payer sa dette à l’échafaud.

Tout était fini à deux heures et demie, et ceux qui voulurent avoir la comédie après le drame eurent encore le temps d’aller, de la place de Grève, prendre leur poste à la queue du Théâtre-Français. — Le même jour, 6 décembre 1823, on jouait l’École des Vieillards.

XCII

Casimir Delavigne. — Appréciation de l’homme et du poëte. — D’où était venue la haine de la vieille école littéraire contre la nouvelle. — Quelques réflexions sur Marino Faliero et les Enfants d’Édouard. — Pourquoi Casimir Delavigne était plutôt un poëte comique qu’un poëte tragique. — Où il faut chercher ses chefs-d’œuvre.

C’était une grande solennité que cette première représentation de l’École des Vieillards, jouée par Talma et mademoiselle Mars.

Pour la première fois, en effet, ces deux grands acteurs paraissaient ensemble dans la même pièce.

Casimir Delavigne avait fait ses conditions.

Expulsé du Théâtre-Français, sous le prétexte que son ouvrage était mal écrite, il avait grandi dans la proscription. Ses Messéniennes, ses Vêpres siciliennes, ses Comédiens et le Paria, — et, peut-être plus que tout cela encore, le besoin qu’avait l’opposition de se faire un poëte libéral pour l’opposer à Lamartine et à Hugo, poètes royalistes à cette époque, — avaient créé à l’auteur de l’École des Vieillards une telle popularité, que, devant cette popularité, toutes les difficultés s’étaient aplanies, et même un peu trop peut-être ; car, semblable à Richelieu dans sa litière, Casimir Delavigne rentrait