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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 4.djvu/64

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

de la Vierge, demande à Casimir Delavigne quelques vers pour mettre de la musique dessus.

Casimir prend la plume et laisse tomber Néra. — Vous ne connaissez point Néra ? Je comprends cela : ce n’était pas une poésie, c’était une simple chanson : la Brigantine avait été reléguée dans les notes ; Néra fut expulsée des œuvres.

Un jour viendra, et à notre avis, ce jour est déjà venu, où l’on pèsera les Messéniennes et Néra dans la même balance, et nous verrons qui l’emportera.

Voici Néra :


Ah ! ah !… de la montagne
Reviens, Néra, reviens !
Réponds-moi, ma compagne,
Ma vache, mon seul bien.
La voix d’un si bon maître,
Néra,
Peux-tu la méconnaître ?
Ah ! ah !
Néra !

Reviens, reviens ; c’est l’heure
Où le loup sort des bois.
Ma chienne, qui te pleure,
Répond seule à ma voix.
Hors l’ami qui t’appelle,
Néra,
Qui t’aimera comme elle ?
Ah ! ah !
Néra !

Dis-moi si dans la crèche,
Où tu léchais ma main,
Tu manquas d’herbe fraîche,
Quand je manquais de pain ?
Nous n’en avions qu’à peine,
Néra,
Et ta crèche était pleine !
Ah ! ah !
Néra !