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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 4.djvu/7

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Il résulta de ces occupations que M. Raynouard ne put faire que trois tragédies : les Templiers, dont nous avons parlé ; les États de Blois, qui ne valaient pas les Templiers ; et Caton d’Utique, qui ne valait pas les États de Blois.

Napoléon était désespéré !

Il se remit à demander ses trois cent mille conscrits et son poëte.

En 1808, après quatre ans de règne, il avait M. Raynouard et M. Baour-Lormian, l’auteur des Templiers et l’auteur d’Omasis.

C’était la moitié d’un poëte par année.

En régnant quatorze ans, il aurait la pléiade !

Nous ne parlons pas des poëtes de la République, des Chénier, des Ducis, des Arnault, des Jouy, des Lemercier : ceux-là n’étaient point des poëtes de sa création. Or, Napoléon était un peu comme Louis XIV, et n’estimait que les ducs qu’il avait faits.

Ce fut vers cette époque que les batteurs d’estrade dépêchés par M. de Fontanes firent grand bruit d’un poëte qu’on venait de découvrir, et qui mettait la dernière touche à une tragédie.

Ce poëte s’appelait Luce de Lancival. Nous en avons déjà parlé, et nous avons raconté ce que lui fit et ce que lui dit Napoléon.

Il avait bien déjà, ce cher M. Luce de Lancival, commis deux petits péchés de jeunesse qu’on appelait Mucius Scœvola et… et… ma foi ! j’ai oublié l’autre nom ; mais ces péchés étaient si petits et leur chute avait été si grande, qu’il n’en était plus aucunement question.

Malheureusement, Luce de Lancival s’en tint à Hector. Nommé professeur de belles-lettres, il professa.

C’était le troisième poëte qui fondit dans les mains de Napoléon !

L’année précédente, il était arrivé un grand événement au Théâtre-Français, à la suite de la représentation de la tragédie d’Artaxercès.

Il y avait à Paris un homme qui, toutes les fois que Napo-