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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 4.djvu/89

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

contre lequel, par conséquent, il n’y avait rien à faire, assommait de coups de poing le pauvre Peel.

Byron s’approcha de lui.

— Combien de coups comptes-tu encore donner à Robert ? lui demanda-t-il.

— Que t’importe ? répondit le battant, et pourquoi me fais-tu cette question ?

— C’est que, s’il te plaît, monsieur le bourreau, je prendrai la moitié des coups que tu comptes lui donner, quitte à te les rendre plus tard, bien entendu, et quand je serai plus fort.

Ce fut alors que, pour achever son éducation, le jeune homme entra au collège de Cambridge ; mais, toujours insoucieux du travail régulier comme il l’était des plaisirs ordinaires, sa seule étude fut d’apprendre à nager, sa seule distraction fut de dresser un ours.

En 1806, c’est-à-dire à l’âge de dix-huit ans, il vint rejoindre sa mère à Newstead. Les relations du fils et de la mère n’étaient point très-tendres ; presque toujours, au contraire, ils étaient en querelle. Une de ces querelles fut même poussée si loin, qu’un jour, à cinq minutes de distance, la mère et le fils entrèrent, chacun à son tour, chez un pharmacien pour lui demander si l’on n’était point venu lui acheter du poison, et, sur sa réponse négative, pour le prier de n’en pas donner.

Outre la petite Marie Duff, dont il était devenu amoureux à l’âge de neuf ans, Byron, à douze, devint amoureux de sa cousine Parker, pour laquelle il fit ses premiers vers, vers qui ont été perdus, et dont le poëte ne se souvenait pas lui-même.

Miss Parker mourut, et céda la place à miss Chaworth, la fille même de celui qui avait été tué par le vieux lord Byron.

Mais, cette fois, ce fut un véritable amour d’adolescent, tendre, profond, et laissant sa trace dans toute la vie. Miss Chaworth était belle, gracieuse et riche. 

« Hélas ! dit Byron, notre union eût effacé entre nos deux familles les souvenirs du sang versé par nos pères ; elle aurait réuni deux riches patrimoines et deux êtres qui se conve-