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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/133

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Il nous fit ses excuses bien humbles, à Hugo et à moi ; nous lui pardonnâmes.

Après avoir été refusé cinq fois, Hugo fut nommé à son tour.

Il ne me fit pas ses excuses, et il eut raison, car je ne lui eusse pas pardonné, à lui !


CXXII


Oudard me transmet les ordres du duc d’Orléans. — Je suis nommé bibliothécaire adjoint. — Comme quoi il en résulte quatre cents francs d’économie pour Son Altesse. — Rivalité avec Casimir Delavigne. — Pétition des classiques contre les pièces romantiques. — Lettre à l’appui, de mademoiselle Duchesnois. — Ronde fantastique. — Par qui Racine fut déclaré n’être qu’un polisson. — Belle indignation du Constitutionnel. — Première représentation de Marino Faliero.

On se rappelle que, dans la courte conversation que j’avais eu l’honneur d’avoir avec M. le duc d’Orléans dans sa loge, il m’avait exprimé le désir de me garder près de lui.

Je n’avais aucun motif, ma liberté conquise, pour m’éloigner de l’homme qui, au bout du compte, en m’assurant la vie matérielle pendant six ans, m’avait permis de continuer mes études, et de devenir ce peu que j’étais.

D’ailleurs, à cette époque, M. le duc d’Orléans représentait parfaitement cette nuance d’opposition dans laquelle mon titre de fils d’un général républicain me classait naturellement.

M. le duc d’Orléans, fils de régicide, membre du club des Jacobins, défenseur de Marat, obligé de Collot d’Herbois, me paraissait même, je dois le dire, s’il n’avait pas énormément reculé depuis 1793, être beaucoup plus avancé en 1829 que je ne l’étais moi-même.

Il y avait bien ce mot qu’il m’avait dit le jour où j’avais écrit sous sa dictée : « Monsieur Dumas, souvenez-vous que, quand on ne descendrait de Louis XIV que par un de ses bâtards, c’est encore un assez grand honneur pour qu’on en soit fier. »

Mais, ce mot, je l’avais provoqué par mon ignorante hésita-