l’idée de cette puissance qui pouvait pousser, malgré elle, une personne jusqu’au crime.
Quand, par ma volonté, elle fut revenue au calme, j’essayai sur madame B… de la vue à distance. Elle avait connu, lors d’un séjour de garnison qu’il avait fait à Joigny, le colonel S. M… un de mes amis, je lui demandai où était le colonel à l’heure présente, et ce qu’il faisait.
Elle répondit que le colonel S. M… était en garnison à Lyon, et, pour le moment, au café des officiers, où il causait avec le lieutenant-colonel, debout, près du billard.
Puis, tout à coup, elle vit le colonel pâlir, chanceler, et aller s’asseoir sur une banquette.
Le colonel venait d’être pris d’une douleur rhumatismale au genou.
Je la touchai elle-même au genou et j’exprimai la volonté qu’elle éprouvât la même douleur ; elle jeta un cri, se roidit et versa de grosses larmes. Nous fûmes si effrayés de cette douleur factice qui présentait tous les signes d’une douleur réelle, que je la réveillai.
Une fois réveillée, elle se souvint de ce que je voulus, et perdit le souvenir des choses que je lui ordonnai d’oublier.
Puis commença une autre série d’expériences sur la femme éveillée.
Je l’enfermai dans un cercle imaginaire, tracé avec une canne, et je sortis, lui défendant de franchir ce cercle.
Cinq minutes après, je rentrai et la trouvai assise au milieu du salon ; elle attendait ma permission pour reprendre sa liberté.
Elle s’assit à un angle du salon, et j’allai me placer à l’autre bout ; je l’invitai à faire tous ses efforts pour ne pas venir me rejoindre, et, en même temps, je lui ordonnai de venir à moi.
Elle se cramponna à son fauteuil ; mais, attirée par une force irrésistible, elle fut obligée de le lâcher ; alors, elle se coucha à terre pour réagir contre cette attraction, mais la précaution fut inutile, elle vint en se traînant. Une fois à mes pieds, je n’eus qu’à approcher la main de sa tête, et à lever lentement