faits s’étaient presque toujours passés dans une autre localité que celle où la discussion avait lieu, j’étais obligé de choisir parmi les assistants un sujet que je jugeais apte au sommeil magnétique, et, disposé ou non, d’opérer sur ce sujet.
Or, quiconque fait des somnambules sait que cet exercice est une fatigue aussi grande pour le magnétiseur que pour le magnétisé.
Je racontai quelques-uns des faits que je viens de consigner dans le chapitre précédent ; mais ils furent accueillis par l’incrédulité la plus complète.
— Je ne croirai au magnétisme, me dit madame D***, que, par exemple… — et elle cherchait quelque chose qui lui parût impossible — lorsque vous aurez endormi ma fille Marie.
— Appelez mademoiselle Marie, faites-la asseoir à sa place à table, donnez-lui un biscuit et deux ou trois fruits ; tandis qu’elle mangera, je tâcherai de l’endormir.
— Il n’y a aucun danger ?
— Pourquoi ?
— Pour la santé de ma fille.
— Aucun.
— Marie !
On appela l’enfant, qui accourut ; on lui mit des reines-claudes et un biscuit sur son assiette, et on lui enjoignit de les manger à table.
Sa place était près de moi, à ma gauche. Pendant que l’on continuait de causer, comme si rien ne se préparait, j’étendis ma main derrière la tête de l’enfant, et, seul, je gardai le silence, concentré dans cette volonté que l’enfant subit le sommeil.
Au bout d’une demi-minute, elle avait cessé tout mouvement, et paraissait absorbée dans la contemplation d’une reine-claude qu’elle allait porter à sa bouche
— Qu’as-tu donc, Marie ? lui demanda sa mère.
L’enfant ne répondit point : elle était endormie.
Le sommeil avait été si rapide, que je n’y croyais pas moi-même.