de poussière tels que les grandes armées ou le simoun en poussent seuls devant eux. Cette poussière flamboyait comme ces nuages d’or et de feu qui s’emparent de l’atmosphère dans les chaudes journées de la canicule.
Le général Hugo donna l’ordre de faire halte.
Puis il se porta en avant avec une centaine d’hommes pour examiner lui-même la position de l’ennemi, et, s’il était possible, deviner ses intentions.
Il n’y avait point à se faire illusion. Une troupe immense, à en juger par l’espace qu’elle tenait et la poussière qu’elle soulevait, marchait à lui, l’une de ses ailes appuyée à la rive droite du Tage.
L’infanterie reçut à l’instant même l’ordre de se mettre en bataille ; les artilleurs, celui d’établir leurs batteries sur un petit monticule ; la cavalerie, de s’étendre sur l’aile droite.
Puis on poussa quelques hommes à cheval en avant, sous les ordres d’un officier d’ordonnance.
L’officier et les hommes revinrent un instant après au galop.
Le général Hugo crut ses hommes ramenés, et, comme pas un seul coup de fusil n’avait été tiré, il s’apprêtait, en termes militaires, à laver la tête aux fuyards, lorsqu’il lui sembla voir, au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient, des signes non équivoques d’hilarité sur la figure de l’officier et des soldats.
— Eh bien, qu’est-ce ? demanda le général, et à qui avons-nous affaire ?
— Général, dit l’aide de camp, nous avons affaire à un troupeau de trois cent mille mérinos gardé par deux cents chiens, conduit par douze pâtres, et appartenant à M. Quatrecentberger.
— Quelle plaisanterie me faites-vous là, monsieur ? dit le général en fronçant le sourcil.
— Je ne plaisante pas, mon général, dit l’officier, et, dans dix minutes, vous verrez que j’ai eu l’honneur de vous dire l’exacte vérité.
Un troupeau de trois cent mille moutons, l’eau en vint à la