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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/7

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Bon !… Et puis j’ai encore mon autre vieil ami Parseval de Grandmaison qui fait des poëmes épiques.

— Oui… Philippe-Auguste, par exemple.

— Vous l’avez lu ?

— Non, je l’avoue.

— Eh bien, je disais donc que l’un faisait des comédies, et l’autre des poëmes épiques, et qu’ils n’en étaient pas plus malhonnêtes gens pour cela.

— Tout au contraire, monsieur, car ce sont deux excellents hommes.

— Vous les avez vus ?

— Jamais.

— Hum… hum…

Et M. Bichet parut ruminer quelque chose dans sa tête.

— Bon !… dit-il au bout d’un instant.

— Alors, monsieur, vous n’avez, pour le moment, rien autre chose à me dire ?

— Rien…

— D’ailleurs, je suis à mon bureau, et, si vous avez besoin de moi…

— C’est cela, allez.

Je repris ma place tout joyeux. À part Lassagne et Ernest que je perdais, ma disgrâce était une faveur.

J’avais été prévenu par le garçon de bureau que, quand j’arriverais avant onze heures, je ne le trouverais pas, et que, lorsque je resterais plus tard que quatre, il m’enfermerait en s’en allant.

En outre, plus de portefeuille, toutes mes soirées à moi, et un chef qui ne m’empêchait pas de faire des tragédies !

Je me mis, séance tenante, à travailler à Christine.

Je ne saurais dire depuis combien de temps je travaillais, lorsque le garçon de bureau vint me prévenir que M. Bichet me priait de passer à son cabinet.

Je m’empressai de m’y rendre.

Cette fois, M. Bichet n’était plus seul ; il avait, à sa droite, un petit et, à sa gauche, un grand vieillard.

Placés comme ils étaient, les trois juges devant lesquels je