enfin, Ligier, qui devait jouer Sentinelli, avait quitté la Comédie-Française, et était passé à l’Odéon.
Quelque chose de plus grave encore venait de s’accomplir. Une seconde Christine avait été reçue par le comité du Théâtre-Français.
Cette seconde Christine était d’un M. Brault, ancien préfet, et ami de M. Decazes, qui le soutenait de tout son pouvoir.
Le rôle principal de cette nouvelle tragédie, c’est-à-dire le rôle de Christine, avait été distribué à madame Valmonzey.
Vous ne savez pas ce que c’était que madame Valmonzey ? Je vais vous le dire.
Madame Valmonzey était une assez mauvaise actrice, mais une assez belle femme, maîtresse de M. Évariste Dumoulin, rédacteur du Constitutionnel.
On me demandera peut-être pourquoi je dis cela. Je répondrai que c’est parce qu’il faut que je le dise. Dieu me garde de chercher un scandale inutile, et de faire inutilement une croix rouge à la pierre qui couvre la tombe de deux morts ; mais, ce que j’écris, c’est surtout l’histoire de l’art, l’histoire de la littérature, l’histoire du théâtre. Or, pour que cette histoire soit de l’histoire, il faut que je dise la vérité.
Voici ce qui résulta de la réception d’une seconde Christine au Théâtre-Français, et des amours de M. Évariste Dumoulin avec madame Valmonzey : c’est que M. Évariste Dumoulin déclara que, si l’on ne jouait pas la pièce de son ami M. Brault avant celle de M. Alexandre Dumas, il éreinterait le Théâtre-Français dans son journal.
Cette déclaration de guerre effraya fort le Théâtre-Français ; cependant, comme c’était une chose grave et qui n’avait pas d’antécédents, que cette décision du comité réclamée par M. Évariste Dumoulin, le comité répondit qu’il était tout prêt à jouer la Christine de M. Brault, mais qu’il était indispensable, pour cela, que je lui cédasse mon tour.
M. Brault, d’ailleurs, était malade d’une maladie incurable dont il mourut quelque temps après ; — ce serait une conso-