CXVIII
Relativement, l’exécution d’Henri III fut rapide ; le plan complètement arrêté dans mon esprit, je mis deux mois à peine à exécuter l’ouvrage.
Je me rappelle que, dans l’intervalle de la composition du plan à l’exécution de la pièce, j’allai à Villers-Cotterets à la chasse, je crois ; au retour, je pris les devants sur la voiture, et mes jeunes amis, Saunier, Labarre, Duez vinrent me conduire jusqu’au village de Vauciennes. Pendant la route, je leur racontai Henri III d’un bout à l’autre. — Henri III était fait du moment où le plan était fait.
Au reste, quand je travaille à une œuvre qui me préoccupe, c’est un besoin pour moi de raconter : en racontant, j’invente ; et, à la fin de quelqu’un de ces récits, il se trouve, un beau matin, que la pièce est achevée.
Mais il arrive souvent que cette manière de faire, c’est-à-dire de ne commencer la pièce que lorsque j’ai fini le plan, est très-lente. J’ai gardé Mademoiselle de Belle-lsle près de cinq ans ainsi dans ma tête, et j’ai, depuis 1832, dans la mémoire, le plan d’un Juif errant, auquel je puis me mettre au premier moment de repos que j’aurai conquis, et qui sera un de mes meilleurs livres.
Aussi n’ai-je qu’une crainte, c’est de mourir sans l’avoir fait.
Henri III achevé, je le lus chez madame Waldor en petit