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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/149

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS


CL


Aspect du Louvre. — Combat du pont des Arts. — Morts et blessés. — Un coup de canon pour moi seul. — Madame Guyet-Desfontaines. — Retour de la caserne Babylone. — La cocarde de Charras. — Prise des Tuileries. — Un exemplaire de Christine. — Quadrille dansé dans la cour des Tuileries. — Quels sont les hommes qui ont fait la révolution de 1830.

Il était dix heures trente-cinq minutes du matin à l’horloge de l’Institut.

Le Louvre présentait un aspect formidable.

Toutes les fenêtres de la grande galerie des tableaux étaient ouvertes : il y avait deux Suisses, le fusil à la main, à chaque fenêtre.

Le balcon de Charles IX était défendu par des Suisses qui s’étaient fait un rempart avec des matelas.

Enfin, on voyait une double ligne, de Suisses derrière les grilles de ces deux jardins qu’on appelle, je crois, l’un le jardin de l’Infante, et l’autre le jardin de la Reine.

Au premier plan, le long du parapet, défilait un régiment de cuirassiers pareil à un grand serpent aux écailles d’acier et d’or, dont la tête était déjà entrée sous le guichet des Tuileries, tandis que la queue traînait encore sur le quai de l’École.

Au fond, dans le lointain, la colonnade du Louvre, attaquée par les petites rues qui environnent l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, disparaissait au milieu d’un nuage de fumée.

À droite, le drapeau tricolore flottait sur Notre-Dame et sur l’hôtel de ville.

Dans les airs, passaient frémissantes les vibrations du tocsin.

Au milieu d’un ciel blanc de chaleur nageait un soleil de feu.

Sur toute la ligne du quai, on tiraillait, mais particulièrement des fenêtres et de la porte d’un petit corps de garde si-