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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/170

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

qui s’élança vers son père ; et les cinq officiers, qui firent de leur corps un rempart à M. Laffitte.

Tous les autres avaient disparu par les portes de dégagement ou avaient sauté par les fenêtres ? M. Méchin s’était distingué parmi ces derniers.

Je voulus profiter de l’occasion qui m’était donnée de présenter mes compliments au maître de la maison ; mais le général la Fayette m’arrêta en route.

— Que diable est-ce cela ? me dit-il.

— Je n’en sais rien, général, lui répondis-je ; mais, à coup sûr, j’affirme que ce ne sont ni les Suisses ni les gardes royaux… Je les ai vus partir des Tuileries, et, du train dont ils allaient, ils doivent être maintenant plus près de Saint-Cloud que de l’hôtel Laffitte.

— N’importe ! tâchez donc de savoir ce qu’il en est.

Je m’avançais vers la porte, lorsqu’un officier entra.

Il apportait le mot de l’énigme.

Les soldats du 6e de ligne avaient rencontré ceux du 53e ; à l’exemple de ceux-ci, ils avaient fait cause commune avec le peuple, et, en signe de joie, ils avaient déchargé leurs fusils en l’air.

Cette explication une fois donnée, on se mit en quête des députés, et l’on finit par les retrouver, les uns deci, les autres delà.

Deux seulement manquaient à l’appel.

Cependant, à force de recherches, on les découvrit cachés dans l’écurie. — Qu’on ne dise pas non, je les nommerais !

Quelques instants après, une députation fut introduite. 

Autant que je puis me rappeler, Garnier-Pagès en faisait partie.

Cette députation avait pris au sérieux les placards et la proclamation de Taschereau ; elle venait prier les généraux la Fayette et Gérard d’entrer en fonctions.

Le général Gérard, qui ne faisait que d’arriver, éluda la proposition. Gérard rêvait d’être, avec M. de Mortemart, ministre de Charles X, et non d’être membre d’un gouvernement provisoire révolutionnaire.