et que, si Charles X revenait sur Paris, il n’y aurait peut-être pas quatre mille coups de fusil à tirer.
— C’est vrai, et, comme vous le voyez, c’est assez inquiétant.
— Eh bien, j’ai offert au général la Fayette d’en aller prendre, de la poudre.
— Où cela ?
— À Soissons.
— Comment la prendre ?
— Comme on prend… Il n’y a pas deux façons de prendre, il me semble. Je demanderai poliment de la poudre.
— À qui ?
— Au commandant de place, donc.
— Et s’il la refuse ?
— Je la prendrai.
— Voilà où je vous attends… Encore une fois, comment la prendrez-vous ?
— Ah ! cela me regarde !
— Ainsi, telle est la proposition que me recommande le général la Fayette ?
— Vous voyez, la phrase est précise « … Du général Gérard, à qui nous recommandons la proposition qu’il vient de nous faire. »
— Et il n’a pas trouvé votre proposition insensée ?
— Je dois dire, pour rendre hommage à la vérité, que nous l’avons discutée un instant ensemble.
— Et il ne vous a pas dit qu’il y avait vingt chances contre une pour que vous fussiez fusillé dans une pareille expédition ?
— Je crois que cette opinion a, en effet, été émise par lui.
— Et, malgré cela, il m’a recommandé votre proposition ?
— Je l’ai convaincu.
— Mais pourquoi ne vous a-t-il pas, alors, remis lui-même l’ordre que vous me demandez ?
— Parce qu’il a prétendu, général, que les ordres à donner aux autorités militaires vous regardaient, et non pas lui.
Le général Gérard se mordit les lèvres.
— Hum ! fit-il.