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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/201

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Je présentai le papier au général Gérard.

Il le prit, le lut et le relut.

Puis, comme s’il oubliait que je lui eusse demandé un ordre autographe, il prit une plume :

— Puisque vous le voulez…, dit-il.

Et il signa mon ordre.

Je le laissai faire ; j’avais mon idée.

— Merci, général.

— Vous êtes content, alors ?

— Très-content !

— Vous n’êtes pas difficile.

Et il rentra dans le salon.

Je tenais encore la plume, et, au-dessus de son nom, j’écrivis : « Le ministre de la guerre. »

La première interpolation m’avait assez bien réussi pour que j’en risquasse une seconde.

Grâce à cette seconde interpolation, l’ordre était ainsi conçu :

« Les autorités militaires de la ville de Soissons sont invitées à remettre à l’instant même à M. Alexandre Dumas toute la poudre qui pourra se trouver, soit dans la poudrière, soit dans la ville.

» Le ministre de la guerre,
» Gérard.
» Paris, ce 30 juillet 1830. »

Ce n’était pas fini, comme on pourrait le croire.

J’avais un ordre pour les autorités militaires signé Gérard ; je voulais une invitation aux autorités civiles signée la Fayette.

Je comptais beaucoup sur la réputation militaire du général Gérard ; mais je comptais bien autrement encore sur la popularité du général la Fayette ; d’ailleurs, une des signatures compléterait l’autre.

De retour à l’hôtel de ville, je fis demander la Fayette ; il vint.