cher la promesse d’un ministère dont les trois principaux membres seraient MM. de Mortemart, Gérard et Casimir Périer ; quand il eut obtenu de M. de Mortemart que celui-ci même devînt le chef de ce nouveau cabinet, Charles X crut avoir tout fait, et se mit à jouer au whist avec M. de Duras, M. de Luxembourg et madame la duchesse de Berry.
Pendant que Charles X jouait, M. Mortemart attendait qu’il plût au roi de lui donner des ordres pour Paris ; et M. le dauphin, qui craignait que le roi ne donnât ces ordres, après avoir positivement défendu aux sentinelles du bois de Boulogne de laisser passer qui que ce fût allant de Saint-Cloud à Paris, regardait machinalement une carte géographique.
La partie finie, le roi annonça qu’il allait se coucher.
Alors, M. de Mortemart, ne comprenant rien à ces instances du roi pour qu’il acceptât le ministère et à cette inertie depuis qu’il l’avait accepté, s’approcha de Charles X.
— Le roi n’ordonne-t-il pas que je parte ?
Le roi, qui venait de manger quelques pralines, répondit en mâchant un cure-dents :
— Pas encore, monsieur le duc, pas encore… J’attends des nouvelles de Paris.
Et il passa dans sa chambre à coucher.
M. de Mortemart était près de quitter Saint-Cloud ; un dernier sentiment de piété pour cette fortune royale qui allait sombrer le retint au palais.
Il rentra dans l’appartement qui lui avait été assigné, mais ne se coucha point.
On a vu comment MM. de Vitrolles, de Sémonville et d’Argout avaient été accueillis et par la commission municipale et par M. Laffitte.
MM. de Vitrolles et d’Argout revinrent à Saint-Cloud, afin de raconter les résultats de leur ambassade ; ils avaient perdu en route M. de Sémonville.
M. de Sémonvile avait assez fait pour sa conscience en allant une première fois à Saint-Cloud ; il pensa qu’il avait, maintenant, le droit de faire quelque chose pour sa place de grand référendaire.