moi, et, si le Père éternel trahissait la cause de la liberté, — ce qu’il est incapable de faire, — et que je leur disse de fusiller le Père éternel, ils le fusilleraient !
Mauguin baissa la tête. Il s’effrayait de ce qu’on eût pu faire avec de pareils hommes.
C’étaient ces hommes, c’est-à-dire les républicains, comme il les appelait, qui avaient donné tant de mal au pauvre Hippolyte Bonnelier.
Une heure après, Charras et Lothon partaient pour la Fêre munis d’une lettre signée Mauguin, et d’une proclamation de la Fayette ; cette proclamation ne différait guère de la mienne, laquelle, ainsi qu’on l’a vu, m’avait peu servi, étant restée, pendant tout le temps de mon séjour à Soissons, entre les mains de M. Missa[1].
CLIX
Mon premier besoin, le général la Fayette embrassé, était, comme on le comprend bien, d’aller prendre un bain, et de changer de tout.
Le bain n’était pas difficile à prendre : j’avais l’école de natation Deligny presque en face de chez moi.
J’entrai à l’école, et je dois dire que j’effrayai tout le monde, jusqu’au père Jean. Je consignai au garçon de cabinet mon fusil, mes pistolets, ma poudre, mes balles et ce qui me restait de mes trois mille francs ; après quoi, tandis qu’on allait me chercher Joseph, du linge et des habits, je piquai une des plus voluptueuses têtes que j’aie piquées de ma vie.
- ↑ Voir la note B à la fin du volume.