» J’ai pris, en écrivant ces Mémoires, une résolution : c’est de ne répondre que par des preuves officielles, des documents authentiques ou des témoignages irrécusables aux dénégations qui pourraient m’être opposées.
» Ainsi ai-je fait, il y a quelques jours, à propos de M. le chevalier de Liniers ; ainsi ferai-je aujourd’hui à propos de M. Mauguin.
« Au moment où, suivant M. Dumas, nous étions en conférence avec M. de Sussy, arriva la députation Hubert, qui, voyant la porte fermée, l’ébranla à coups de crosse de fusil. On ouvrit. Alors, parut M. Hubert, suivi de quelques amis, et portant une proclamation au bout d’une baïonnette. Les membres de la commission furent saisis d’épouvante, et s’éparpillèrent un instant au milieu de la salle.
» Je ne sais si M. Dumas a voulu faire du pittoresque, mais je sais qu’il n’y a pas un mot de vrai dans son récit. »
« M. Hubert fut choisi pour porter cette adresse à l’hôtel de ville ; il partit en costume de garde national, et accompagné de plusieurs membres de l’assemblée, parmi lesquels étaient Trélat, Teste, Charles Hingray, Bastide, Poubelle, Guinard, tous hommes pleins d’énergie, de désintéressement et d’ardeur. L a députation fendit la foule immense répandue sur la place de Grève. Hubert portait l’adresse au bout d’une baïonnette…
» Les uns s’égarent dans l’hôtel de ville, les autres trouvent la porte du cabinet de la commission municipale fermée. Ils demandent à entrer ; on ne leur répond pas. Indignés, ils ébranlent la porte a coups de crosse. On leur ouvre, enfin, et ils aperçoivent le comte de Sussy causant amicalement avec les membres de la commission municipale. »
« M. Hubert, qui n’avait ni proclamation ni baïonnette, parla au nom de la députation, et d’abondance ; il insista notamment sur deux points…
» Tout se passa, du reste, poliment, convenablement, et je crois même pouvoir certifier que, lorsque la députation se retira, M. Audry de Puyraveau ne glissa point en secret un projet de proclamation