de son mariage, avait eu à sa disposition une grand’croix, deux croix d’officier, et une croix de chevalier.
La grand’croix fut pour François Arago ; les deux croix d’officier furent pour Augustin Thierry et Victor Hugo ; la croix de chevalier fut pour moi.
Arrivé à cette époque de ma vie, je dirai toutes les histoires qui se rattachent à cette croix, et comment M. de Salvandy, pour qu’on lui pardonnât la croix d’officier donnée à Hugo, et la croix de chevalier donnée à moi, fut obligé de la donner en même temps à un brave garçon dont le nom parfaitement inconnu devait nous protéger de son obscurité.
Il en résulta que je mis la croix dans ma poche, au lieu de la mettre à ma boutonnière.
Cela me rappelle l’histoire du père d’un de mes confrères en littérature, marchand de coton très-riche, qui, ayant eu la croix pour avoir prêté deux millions à Charles X, n’en porta jamais le ruban qu’à la boutonnière du gousset de son pantalon.
Il me fallut donc, pour cette fois, me priver du ruban rouge.
J’en voulus, d’abord, à M. Empis d’avoir défait ce beau projet ; mais je lui en voulus bien davantage, depuis, d’avoir fait Julie, ou la Réparation !
On s’était grandement amusé, pendant ce joyeux hiver de 1830, si rude qu’il fût. — Il y a ceci de remarquable que les révolutions surprennent presque toujours les peuples au milieu des danses, et les rois au milieu des feux d’artifice.
Il y avait eu surtout force bals masqués.
Il existait, alors, à Paris, un salon tout à fait artiste : c’était celui de madame Lafond.
Madame Lafond était, à cette époque, une femme de trente-six à trente-huit ans, dans tout l’éclat d’une beauté brune admirablement conservée, avec des yeux noirs pleins d’éloquence et des cheveux noirs pleins de souplesse ; joignez à cela un sourire ravissant, les mains les plus gracieuses du monde, un esprit à la fois distingué et bienveillant, et vous aurez une idée fort imparfaite de la maîtresse de ce salon.
Son mari était Lafond l’instrumentiste ; il avait un grand