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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/70

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

lui avait servi à rien. Ce nid de vautours, mal tué par Duquesne, comme avait dit Hugo, était, enfin, écrasé par M. de Bourmont.

Aussitôt la grande nouvelle reçue, le ministre de la marine, M. le baron d’Haussez, avait couru chez le roi.

En entendant annoncer son ministre, Charles X s’était élancé vers lui les bras ouverts ; M. d’Haussez avait voulu lui baiser la main ; mais Charles X, l’attirant sur sa poitrine :

— Dans mes bras ! dans mes bras ! avait-il dit ; aujourd’hui, tout le monde s’embrasse.

Et le roi et le ministre s’étaient embrassés.

Cependant, à travers ces faveurs apparentes dont la Providence semblait combler le chef de la branche aînée, les hommes aux yeux clairvoyants apercevaient un abîme.

— Prenez garde ! s’écriait M. Beugnot, pareil à un pilote effrayé, prenez garde ! la monarchie va sombrer sous voiles, comme un vaisseau tout armé !

— Je serais beaucoup moins inquiet si M. de Polignac l’était davantage ! disait M. de Metternich à M. de Renneval, notre ambassadeur à Vienne.

Il est vrai que l’opposition elle même, qui n’avait pas la vue aussi longue que M. Beugnot et que M. de Metternich, se chargeait de rassurer la royauté, au cas où là royauté eût été inquiète.

En effet, comment craindre quelque chose quand M. Dupin aîné, un des chefs de l’opposition, disait pendant la discussion de l’adresse :

« La base fondamentale de l’adresse est un profond respect pour la personne du roi ; elle exprime au plus haut degré la vénération pour cette race antique des Bourbons ; elle représente la légitimité, non-seulement comme une vérité légale, mais encore comme une nécessite sociale qui est aujourd’hui, dans tous les bons esprits, le résultat de l’expérience et de la conviction.

Ô cher monsieur Dupin ! esprit ferme, juge intègre, lumière