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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/242

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MÉMOIRES D’ALEX DUMAS

petit homme à cheveux blancs nommé Sauvo, qui le regardait comme moi, je parierais bien vingt-cinq louis que voilà un mouchard !

Je ne sais si je me trompais pour le moment ; mais, ce que je sais, c’est que, cinq ans après, je retrouvai à son tour ce même homme sur la sellette de la cour des pairs.

C’était le Corse Fieschi.


CLXXXI


Les artilleurs au Louvre. — Complot bonapartiste pour nous enlever nos pièces. — Distribution de cartouches par Godefroy Cavaignac. — Les abords du Luxembourg au moment de la condamnation des ministres. — Départ des condamnés pour Vincennes. — Déroute des juges. — La Fayette et l’émeute. — Bastide et le commandant Barré. — Faction avec Prosper Mérimée.

Je revins au Louvre pour prendre des nouvelles, et pour en donner.

Il est impossible de se figurer l’agitation qui régnait sur ce point central de l’artillerie.

Notre premier colonel, Joubert, nous avait été enlevé, et, comme le colonel n’était pas à notre nomination, il avait été remplacé par le comte Pernetti.

Le comte Pernetti était tout entier à la cour ; or, la cour, avec juste raison, se défiait de nous, et ne cherchait qu’une occasion de nous dissoudre.

De notre côté, à chaque instant nous rencontrions des hommes que nous avions vus sur les barricades, et qui nous arrêtaient pour nous dire :

— Nous reconnaissez-vous ? Nous étions-là… là… là, avec vous.

— Oui, je vous reconnais… Eh bien ?

— Eh bien, s’il fallait marcher contre le Palais-Royal comme nous avons marché contre les Tuileries, est-ce que vous nous abandonneriez ?