d’une certaine fortune, il reprit ses anciennes habitudes en les saupoudrant de nouveaux plaisirs.
Le gouvernement royaliste, qui récompensait — et c’est une vertu dont on lui a fait un crime — tous les anciens dévouements, eût, sans doute, été heureux de récompenser le dévouement de Duclos ; mais il était bien difficile de lui trouver une récompense. Duclos avait les mœurs incurables des péripatéticiens : il ne savait que se promener nuit et jour en causant escrime, politique, théâtre, femmes et littérature. Le roi Louis XVIII n’aurait donc pu lui confier d’autre fonction publique que celle de promeneur éternel, ou de chrétien errant, comme dit Barthélemy.
Malheureusement, tout trésor, si considérable qu’il soit, a une fin. Quand Duclos eut épuisé son patrimoine, Duclos se rappela les anciens services qu’il avait rendus à la cause des Bourbons, et vint à Paris pour solliciter. Seulement, il se souvenait un peu tard : il avait donné aux Bourbons le temps d’oublier.
Au reste, l’emploi de solliciteur exerçait on ne peut mieux ses facultés locomotives. — On voyait alors, tous les matins, deux solliciteurs mélancoliques passer le pont Royal, comme deux ombres passent le Styx pour aller demander une bonne place aux champs Élysées chez le ministre de Pluton.
L’un était Duclos, l’autre était le maire d’Orgon.
Qu’avait fait le maire d’Orgon ?
Le maire d’Orgon avait jeté la première pierre dans la voiture de l’empereur, en 1814, et il venait à Paris, sa pierre à la main, pour demander son salaire.
Après des années de sollicitations, ces deux fidélités, voyant que décidément elles n’obtenaient rien, prirent chacune une résolution différente.
Le maire d’Orgon, complètement ruiné ; s’attacha sa pierre au cou, et se jeta dans la Seine.
Duclos, bien autrement philosophe, prit, au contraire, la résolution de vivre, et, pour humilier le gouvernement auquel il avait sacrifié trois ans de sa liberté, et M. de Peyronnet, avec lequel il avait fait tant d’assauts sur les rives de la