excuser, et qui avait poussé les républicains à appuyer la loi.
C’est toujours une triste décoration que celle qui rappelle une guerre civile et une victoire remportée par des citoyens sur des citoyens, par le peuple sur l’armée ; ou par l’armée sur le peuple ; mais, je l’ai dit, il y avait au fond de cela un autre but.
C’était, dans un cas donné, de pouvoir se reconnaître, et de savoir, par conséquent, sur qui compter.
Ces croix avaient été votées par des bureaux formés de combattants, lesquels étaient difficiles à tromper ; car, sur douze membres qui composaient, je crois, chacun de ces bureaux, il s’en trouvait toujours deux ou trois qui, si la croix se fût égarée sur quelque poitrine indigne, eussent été à même de relever une erreur ou de donner un démenti.
La part que j’avais prise à la révolution était assez publique pour que cette croix, me fût votée sans contestation ; mais, en outre, une fois les croix votées, comme les membres des différents bureaux ne pouvaient se donner des croix à eux-mêmes, j’avais été nommé membre du comité chargé de voter les croix aux premiers distributeurs.
L’institution était donc toute populaire à la surface, toute républicaine au fond.
Aussi fûmes-nous on ne peut plus étonnés quand, le 30 avril, parut une ordonnance contre-signée Casimir Périer, et réglant les points suivants :
« La croix de juillet consistera en une étoile à trois branches.
» Le centre de l’étoile portera à la face : 27, 28 et 29 juillet 1830.
» Elle aura pour légende : Donnée par le roi des Français.
» Elle sera suspendue à un ruban bleu liseré de rouge.
» Les citoyens décorés de la croix de juillet prêteront serment de fidélité au roi des français et d’obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du royaume. »