De qui cette critique ? Sans doute de quelque prêtre intolérant, de quelque prélat fanatique ?
Point. Elle est de l’auteur des Confessions et de la Nouvelle Héloïse, de Jean-Jacques Rousseau[1] !
Peut-être, au moins, le Misanthrope va-t-il trouver grâce devant la critique. — Il est bien convenu, n’est-ce pas, que la pièce est un chef-d’œuvre ?
Voyons ce qu’on dit l’onctueux Bourdaloue, dans sa Lettre a l’Académie française. C’est court mais précis.
« Un autre défaut de Molière que beaucoup de gens d’esprit lui pardonnent, et que je n’ai garde de lui pardonner, moi, c’est qu’il a donné un tour gracieux au vice, avec une austérité ridicule et odieuse à la vertu ! »
Passons à l’Avare, et revenons à Jean-Jacques Rousseau.
« C’est un grand vice d’être avare et de prêter à usure, dit le philosophe de Genève ; mais n’en est-ce pas un plus grand encore à un fils de voler son père, de lui manquer de respect, de lui faire mille insultants reproches, et, quand un père irrité lui donne sa malédiction, de répondre d’un air goguenard
- ↑ Lettre à d’Alembert sur les spectacles.