» M. Alexandre Dumas. — Comme demandeur, je donnerai les premières explications. Lorsque le ministre de l’intérieur eut formé le dessein de régénérer ou de réorganiser le Théâtre-Français, il songea d’abord à lui donner un bon directeur, et à appeler, je ne dirai pas des auteurs de talent, mais des auteurs à argent.
» L’intention du ministre était, d’abord, de commencer par rétablir l’ancienne prospérité matérielle du théâtre. Il lui fallait, pour atteindre ce but, avoir des pièces en possession d’attirer le public, et de faire recette, outre la subvention qu’on se proposait de fournir. — M. Thiers se procura un directeur fort intelligent dans la personne de M. Jouslin de la Salle. Il crut aussi devoir recourir à moi, comme jouissant, jusqu’à un certain degré, de la faveur publique. Le ministre me manda donc dans son cabinet, et me proposa de travailler pour le Théâtre-Français, et alla même jusqu’à m’offrir une prime. Je demandai à être traité comme les autres auteurs pour les pièces à venir.
» Je ne demandai d’autre condition à mon consentement que l’obligation de jouer trois de mes anciens ouvrages, Antony, Henri III et Christine. M. Thiers dit qu’il ne connaissait pas Antony, quoique ce drame eût obtenu quatre-vingts représentations ; qu’il avait vu Christine, que cette pièce lui avait fait beaucoup de plaisir, et que même il en avait fait, dans le temps, l’objet d’un feuilleton. Ma condition fut acceptée sans aucune restriction. Ainsi j’étais en relation avec le ministre avant que le directeur du Théâtre-Français se fût abouché