mes parents, j’ai eu bien de la peine à fournir dix lances convenablement équipées ; ce qui peut former cinquante et quelques hommes, valets et écuyers compris.
» — Chrétien, j’ai ici cinq flèches dans mon carquois toutes empennées des plumes d’un aigle. Lorsque j’envoie une de ces flèches vers mes tentes, mille guerriers montent à cheval ; si j’envoie la seconde, une force égale se met en route ; à l’aspect de ces cinq flèches, cinq mille hommes accourent à moi, et, si j’envoie mon arc, dix mille cavaliers ébranlent le désert ! »
Car mon père, au Saïd, n’est point un chef vulgaire.
Il a dans son carquois quatre flèches de guerre,
Et, lorsqu’il tend son arc, et que, vers quatre buts,
Il le lance en signal à ses quatre tribus,
Chacune à lui fournir cent cavaliers fidèles
Met le temps que met l’aigle à déployer ses ailes !
Voilà, grâce au ciel, ma confession finie ! Elle a été longue ; mais aussi c’est que, comme œuvre d’assimilation et d’imitation, Charles VII est mon plus gros péché.
CCVIII
Si je ne venais pas, dans les chapitres précédents, de saturer le lecteur de littérature, je mettrais sous ses yeux un travail qui ne manquerait peut-être pas d’intérêt.
Ce serait la tradition antique de Phèdre, qui est à Euripide, par exemple, ce que le romancero espagnol est à Guilhem de Castro.
Puis je montrerais ce qu’Euripide a emprunté à la tradition ; puis, ce que, cinq cents ans plus tard, le Romain Sénèque a emprunté à Euripide ; puis, enfin, ce que, seize cents ans plus