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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/235

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Hâtons-nous de dire que j’étais loin d’être familiarisé avec ces époques comme je le suis aujourd’hui.

J’écrivis à Goubaux que je me mettais à sa disposition soit qu’il lui plût de venir, le lendemain, déjeuner avec moi, soit qu’il voulût me recevoir chez lui.

Nous étions devenus voisins ; j’avais quitté mon logement de la rue de l’Université, et j’avais pris un troisième étage dans le square d’Orléans, très-belle maison qu’on venait de bâtir, rue Saint-Lazare, no 42, et où habitaient déjà quelques-uns de mes amis, Zimmermann, Étienne Arago, Robert Fleury, Gué. Je crois que Zimmermann et Robert Fleury l’habitent encore aujourd’hui. Gué est mort ; Étienne Arago est en exil.

Goubaux, qui demeurait rue Blanche, No, me donna rendez-vous chez lui, pour six heures du soir.

Nous devions dîner d’abord et causer ensuite de Richard Darlington.

Je dis causer, parce que, au moment de lire, il se trouva qu’il n’y avait à peu près rien d’écrit.

Cependant, Goubaux avait trouvé quelques points de repère qui devaient servir de jalons à nos trois actes.

C’étaient surtout des traits de caractère pour le personnage de l’ambitieux. Un des principaux était celui où le docteur Grey, rappelant devant Richard et Mawbray, au moment où Richard va épouser Jenny, les circonstances de la fameuse nuit qui fait le sujet du prologue ; raconte qu’une voiture s’arrêta à la porte. « Cette voiture avait-elle des armoiries ? » demande Richard.

Un autre, fort remarquable aussi, m’était donné pour en faire ce que je voudrais : la fille de Da Sylva, Caroline, la mère de Richard, a épousé un lord Wilmor ; c’est la fille de ce lord Wilmor que va épouser Richard, séduit par le roi, et décidé à divorcer avec Jenny. Seulement, Caroline, qui ne voit dans Richard qu’un membre influent du Parlement, destiné un jour à être ministre, demande une entrevue à Richard pour lui révéler un grand secret ; ce secret, c’est l’existence d’un garçon perdu dans le petit village de Darlington, et qui,