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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/294

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

À ses applaudissements frénétiques, je reconnus que ce monsieur comprenait beaucoup de choses que je ne comprenais pas.

Il en résulta que, lorsque l’empereur Commode appela son secrétaire, cette espèce de jeu de mots me paraissant demander une explication, je me penchai vers mon monsieur, et, avec toute la politesse dont j’étais capable :

— Pardon, monsieur, lui dis-je, mais il me semble que c’est une pièce à tiroirs !

Mon homme bondit sur sa stalle, poussa une espèce de rugissement, mais se contint.

Il est vrai que le rideau était sur le point de tomber, et qu’avant même qu’il fût tombé, notre enthousiaste criait de toutes ses forces :

— L’auteur !!!

Malheureusement, tout le monde n’était point aussi ardent à connaître l’auteur que mon voisin de face. Il y avait quelque chose comme les trois quarts de la salle — et là peut-être étaient les vrais amis de M. Arnault — qui ne voulaient point qu’on le nommât.

Placé à l’orchestre entre M. de Jouy et Victor Hugo, sentant à gauche les coudes du romantisme et à droite ceux du classisme, si je puis me permettre de faire un mot, j’attendais patiemment et courageusement que l’on cessat de siffler, la façon dont M. Arnault avait agi avec moi, en me mettant à la porte de chez lui après Henri III, me laissant le privilége de la neutralité.

Mais l’homme propose et Dieu dispose ; Dieu ou plutôt le diable inspira à ce voisin auquel j’avais fait une question indiscrète peut-être, mais à coup sûr bien innocente, de me désigner à ses amis, et, par conséquent, à M. Arnault, comme l’Éole dont de signal avait déchaîné tous ces vents qui sifflaient aux quatre points cardinaux de la salle sur des tons si différents.

Une querelle s’ensuivit entre moi et le grand monsieur, querelle qui fit un instant diversion à la lutte engagée.

Le lendemain, tous les journaux rendaient compte de cette