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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/50

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

que son armée se composait en grande partie de pâtres, on appela ses partisans les pallis, c’est-à-dire les pasteurs, du mot celte pal, qui veut dire houlette.

Irshou fut battu par Tarak’hya, et repoussé jusqu’en Égypte. Les pallis y furent la souche de ces dynasties primitives qui durèrent deux cent soixante et un ans, et qui sont connues sous le nom de dynasties des rois pasteurs. Cette fois, l’étymologie est flagrante ; aussi espérons-nous, sur ce point, ne rencontrer aucune contradiction.

Or, nous avons dit qu’Irshou avait pris pour drapeau le signe représentatif de la divinité qu’il avait glorifiée ; ce signe, en sanscrit, s’appelle yoni, d’où, dérive yoneh, c’est-à-dire colombe ; — ce qui explique, notons-le en passant, comment la colombe devint l’oiseau de Vénus.

Les hommes qui portaient le signe yoni furent appelés des Yoniens, et, comme ils le portaient toujours symboliquement sur un drapeau rouge, le rouge ou le pourpre devint, à Tyr, à Sidon, en Grèce, la couleur royale, couleur qui fut adoptée par la Rome des consuls, des empereurs et des papes, et, enfin, par tous les princes régnants, quelle que soit la race dont ils descendent, et la religion qu’ils professent.

On comprend que je ne suis pas fâché d’apprendre ici à MM. les rois où est teinte la pourpre qu’ils portent.

Eh bien, c’était préoccupé de ces grands débats, qui durèrent plus de deux mille ans, et qui coûtèrent la vie à un million d’hommes ; c’était dans la crainte qu’ils ne ressuscitassent de nos jours, que le philanthrope Gannot voulait fonder, sous le titre d’évadisme, une religion qui réunît les deux cultes en un seul.

De là les figures bizarres qu’il moulait en plâtre, et les lithographies excentriques qu’il composait et exécutait sur papier de couleur avec le sérieux d’un brahme sectateur du bidja ou d’un Égyptien partisan du sakti[1].

On comprend quelle fut la joie du Mapah en trouvant en moi un homme aussi au courant des dogmes primitifs de sa

  1. En sanscrit, linga et yoni ; en grec φαλλος et γοίρος.