maient leur nationalité : la Belgique, la Pologne et l’Italie. On était à peu près tranquille sur le sort de la Belgique ; mais il n’en était pas ainsi pour la Pologne et l’Italie, et tous les cœurs généreux étaient sympathiques à ces deux sœurs en liberté qui râlaient, l’une sous le couteau du czar, l’autre sous le bâton de l’Autriche.
Les yeux étaient particulièrement fixés sur Modène.
Le duc de Modène, à la nouvelle de l’insurrection de Bologne, avait fui de son duché, dans la nuit du 4 au 5 février.
Le cabinet du Palais-Royal reçut à ce sujet une communication du cabinet de Vienne qui lui annonçait que le gouvernement autrichien se préparait à intervenir pour replacer François IV sur son trône ducal.
La nouvelle était étrange, et la prétention exorbitante.
Le gouvernement français avait proclamé le principe de non-intervention ; or, à quel titre l’Autriche intervenait-elle dans le duché de Modène ?
L’Autriche avait bien un droit de réversibilité sur ce duché ; mais ce droit était tout éventuel, et, jusqu’au jour où il y aurait extinction des héritiers mâles de la maison régnante, Modène était un duché parfaitement indépendant.
De pareilles exigences devaient révolter un esprit aussi droit et aussi juste que celui de M. Laffitte, et il déclara en plein conseil que, si l’Autriche persistait dans cette insolente prétention, la France en appellerait aux armes.
M. Sébastiani, ministre des affaires étrangères, fut invité par le président du conseil à répondre dans ce sens, et s’y engagea.
Le maréchal Maison occupait alors l’ambassade de Vienne. C’était un de ces roides diplomates qui, de leur carrière militaire, avaient conservé l’habitude de parler aux rois ou aux empereurs la main sur la garde de leur épée. Je l’ai beaucoup connu, et, malgré notre différence d’âge, avec une certaine intimité ; une charmante femme au nom pacifique, qui n’était qu’une amie pour moi, qui n’était plus qu’une amie pour lui, servait de lien entre le jeune poëte et le vieux soldat.