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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

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Une pièce politique. — Une pièce morale. — Doligny, directeur de théâtre en Italie. — Saint-Germain piqué de la tarentule. — Comment on aurait pu vivifier Versailles, si Louis-Philippe l’avait voulu. — La censure du grand-duc de Toscane. — Les cartons de l’imprimeur Batelli. — Richard Darlington, Angèle, Antony et la Tour de Nesle, représentés sous le nom d’Eugène Scribe.

Ce fut vers ce temps que l’on représenta à l’Odéon une pièce qui fit quelque sensation, d’abord par sa valeur propre, ensuite par la mesure qu’elle motiva.

Cette pièce avait pour titre : une Révolution d’autrefois, ou les Romains chez eux.

Les auteurs étaient Félix Pyat et Théo.

Ils avaient pris pour héros cet empereur insensé que, six ans plus tard, j’essayai à mon tour de mettre en scène, — Caligula.

L’intrigue de la pièce était nulle ou à peu près ; son principal mérite était celui qui se rattache au second titre : les Romains chez eux.

En effet, ce fut la première fois que l’on vit des gens ayant toge sur le dos, et le cothurne aux pieds, parler, agir, manger, comme on agit et comme on parle dans la vie réelle.

Le sujet était la mort de Caligula, et l’avènement de Claude au trône.

Malheureusement pour la longévité de la pièce, elle contenait une scène qui fournit le sujet d’une application irrespectueuse au chef du gouvernement. C’était la scène iiie du dernier acte.

Un soldat présentait Claude comme convenant parfaitement aux Romains, parce qu’il était gros, gras et bête. Il est impossible de se figurer l’effet que fît le gros, gras et bête ; il y avait, à cette époque, une effrayante réaction contre Louis-Philippe. L’insurrection du mois de juin couvait déjà dans tous les esprits. On fit l’application des trois épithètes au chef du gouvernement, sans vouloir lui rendre cette justice, qu’il