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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 9.djvu/222

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

deux indélicatesses au lieu d’une ! j’aimai mieux être réglé en papier de six mois[1].

Or, savez-vous, monsieur Dumas, — vous qui, dans votre lettre, m’avez traité de pauvre diable, — savez-vous ce que je pourrais vous répondre ?… Je suis homme de trop bonne compagnie pour vous le dire.

Maintenant, et pour sortir au plus tôt de ces indignités dont le tableau fait mal, je dirai que je ne me serais point opposé à l’insertion de la Tour de Nesle dans les œuvres complètes de M. Dumas (quoique ce droit résultât rigoureusement pour moi des termes mêmes de notre transaction), si M. Dumas avait consenti à faire une simple mention de ma collaboration sur cette pièce. Telle est la méthode que suit aujourd’hui M. Scribe. Mais, à une lettre polie, M. Dumas répondit par une de ces impolitesses dont il brigue le monopole[2].

Enfin, si j’ai demandé par huissier à M. Dumas mon manuscrit premier, c’est qu’il y a une déloyauté inouïe, de sa part, à mettre en regard de ce seul et unique manuscrit une pièce qui en eut trois pour le moins !

Voilà la vérité sur la Tour de Nesle, et la vérité tout entière. Aux documents que j’ai fournis, aux preuves que j’ai données, je dois ajouter qu’appelé devant la commission des auteurs, notre pairie, j’ai cité et

  1. Voici la déclaration de M. Barba : Je crois me souvenir (il y a plus de deux ans de cela) que la moitié du prix de la Tour de Nesle a été donnée, en espèces, à M. Dumas disant que cela était convenu avec M. Gaillardet, ce que nia ce dernier. Il fut donc obligé, aux termes de nos conventions, d’accepter mon billet pour sa part.
    Barba.
    » Le 29 août 1834. »
  2. Vous avez fait Struensée ! me dit-il. M. Dumas croit-il prouver par là que je n’ai rien fait pour la Tour de Nesle ? Il oublie donc qu’il a fait, lui, la Chasse et l’Amour, la Noce et l’Enterrement ? (Qui est ce qui a entendu parler de la Chasse et l’Amour, de la Noce et l’Enterrement ?) Puis le malheureux Napoléon, qui a eu deux Waterloo, dont le second entraîna dans sa chute l’Odéon de M. Harel ! puis, immédiatement après la Tour de Nesle, le Fils de l’Émigré, qui a eu trois représentations avec M. Anicet, Angèle, qui en a eu trente, avec M. Anicet, la Vénitienne, qui en a eu vingt, avec N. Anicet ; Catherine Howard, qui en a eu quinze sans M. Anicet ? M. Dumas ne serait-il donc pas l’auteur des beautés d’Antony, d’Henri III, de Christine ? On l’a bien dit un peu, et même un peu démontré… C’est peut-être à cela que je dois l’attaque de M. Dumas ! Mais qu’il soit tranquille, je ne ferai jamais Gaule et France, et surtout Madame et la Vendée.