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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 9.djvu/263

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Il renfermait ce simple avis : « Marseille fera son mouvement demain. »

L’autre personne était restée pour prendre part au mouvement.

Madame était au comble de la joie. D’après ce qu’on lui avait annoncé, Marseille et le Midi n’attendaient que le moment de se soulever en sa faveur.

La nuit vint. Malgré les fatigues de la nuit, la princesse, dormit peu.

La première manche de sa partie était engagée, et se jouait en ce moment même.

En effet, voici ce qui se passait.

Pendant toute la nuit, la ville avait été sillonnée par des rassemblements légitimistes portant un drapeau blanc, et criant : « Vive Henri V ! »

À trois heures du matin, une douzaine d’hommes armés s’étaient rendus à l’église Saint-Laurent, s’étaient fait donner les clefs du clocher, et, tandis que les uns sonnaient le tocsin, les autres avaient arboré le drapeau blanc ; d’autres, moins le tocsin, en avaient fait autant à la Patache.

Le drapeau tricolore avait été traîné dans le ruisseau. En même temps, l’esplanade de la Tourelle s’était couverte de monde. On attendait, disait-on, par le Carlo-Alberto, la duchesse de Berry et M. de Bourmont.

Cette nouvelle avait pour but de diriger vers la mer les regards de la police.

Enfin, un rassemblement plus considérable que les autres se porta sur le palais de justice aux cris de « Vive la ligne ! vive Henri V ! »

Par malheur pour la fortune de Madame, le sous-lieutenant qui commandait le poste était patriote, presque républicain. Au lieu de sympathiser avec les cris et le mouvement, il sortit du poste, somma le rassemblement de se disperser, et, sur le refus de celui qui paraissait le commander, il le saisit au collet, et, après une lutte assez vive, le jeta dans le corps de garde.

À peine le chef fut-il arrêté, qu’une terreur panique s’em-