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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 9.djvu/5

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

En effet, bientôt Victor Escousse et Auguste Lebras donnent en collaboration, à la Gaieté, le drame de Raymond, qui tombe.

Il faut que la critique se soit bien cruellement déchaînée contre ce drame, puisque nous trouvons, après les derniers mots de la pièce, en post-scriptum, ces quelques lignes, signées de l’un des auteurs :

« P.-S. Cet ouvrage nous a suscité beaucoup de critiques, et, il faut le dire, peu de personnes ont tenu compte à deux pauvres jeunes gens, dont le plus âgé a vingt ans à peine, d’une tentative qu’ils ont faite pour intéresser avec cinq personnages, en proscrivant tous les accessoires du mélodrame. Mon intention, cependant, n’est point de chercher à nous défendre. Je veux seulement publier la reconnaissance que je dois à Victor Escousse, qui, pour me frayer une entrée au théâtre, m’a admis à sa collaboration ; je veux aussi le défendre, autant qu’il est en mon pouvoir, contre les calomnies qui, dans le monde, attaquent son caractère comme homme, et lui imputent une vanité ridicule que je n’ai point remarquée en lui. Je le dirai hautement, je n’ai eu qu’à me louer de ses procédés à mon égard, non-seulement comme collaborateur, mais encore comme ami. Puisse ce peu de mots, que j’écris avec franchise, amortir les traits que la haine se plaît à lancer contre un jeune homme dont le talent, je l’espère, étouffera, un jour, les paroles de ceux qui l’attaquent sans le connaître ! 

» Auguste Legras. »

Au reste, Escousse avait si bien compris qu’avec le succès lui venait la lutte, avec l’amélioration dans la position matérielle, la recrudescence dans la douleur morale, qu’après son succès de Farruck le Maure, lorsqu’il quitta sa petite chambre d’employé pour prendre l’appartement un peu plus confortable d’auteur couronné, il adressa à cette chambre,