Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/141

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ble au prêtre de faire un pas de plus. Le prêtre comprit qu’il était arrivé à sa destination ; il s’arrêta donc, et, avec les aumônes des fidèles, il fonda l’oratoire de Montenero.

Un an après, le capitaine d’un vaisseau livournais ayant fait un voyage au mont Eubée, déclara avoir pris, dans la montagne même qu’avait habitée la madone pendant deux ou trois siècles, la mesure de la place qu’elle occupait ; cette mesure s’accordait ligne pour ligne avec sa largeur et avec sa hauteur.

Dès lors il n’y eut plus de doute sur la réalité du miracle, que pour les artistes, qui reconnurent la madone pour être une peinture de Margaritone, un des contemporains de Cimabué, le même Margaritone qui crut avoir récompensé dignement Farinata des Uberti en lui envoyant lorsqu’il eut sauvé Florence, après la bataille de Monte Aperto, un crucifix peint de sa main. Dieu punit son orgueil : le pauvre vieillard mourut de chagrin en voyant les progrès que Cimabué avait fait faire à l’art.

Nous recommandons aux artistes la madone de Montenero comme un curieux monument de la peinture grecque au XIIIe siècle.

Le soir, en rentrant, nous fîmes prix avec un voiturin, et le lendemain matin à neuf heures nous partîmes pour Florence.


RÉPUBLIQUES ITALIENNES.

Un mot d’histoire sur cette Italie que nous allons parcourir ; en faisant d’abord le tour du tronc, nous verrons mieux ensuite dans quelle direction s’étendent tous les rameaux.