Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/143

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Pillée en 936 par les Sarrasins, moins d’un siècle après, c’était elle qui se liguait avec les Pisans pour aller leur reporter en Sardaigne le fer et le feu qu’ils étaient venus apporter en Ligurie ; et Caffaro, auteur de sa première chronique commencée en 1101 et achevée en 1164, nous apprend qu’à cette époque Gênes avait déjà des magistrats suprêmes, que ces magistrats portaient le titre de consuls, qu’ils siégeaient alternativement au nombre de quatre ou de six, et qu’ils restaient en place trois ou quatre ans.

Quant aux villes du centre de l’Italie, elles étaient demeurées en retard. L’esprit de liberté qui avait soufflé sur les côtes avait bien passé sur Milan, sur Florence, sur Pérouse et sur Arezzo ; mais n’ayant point la mer pour y lancer leurs vaisseaux, ces villes avaient continué d’obéir aux empereurs ; lorsque le moine Hildebrand fut appelé, en 1073, au pontificat, sous le nom de Grégoire VII ; Henri IV régnait alors.

Trois ans à peine s’étaient écoulés depuis l’exaltation du nouveau pape, dans lequel devait se personnifier la démocratie du moyen-âge, qu’en jetant les yeux sur l’Europe, et en voyant le peuple poindre partout comme les blés en avril, il avait compris que c’était à lui, successeur de Saint-Pierre, de recueillir cette moisson de liberté qu’avait semée la parole du Christ. Dès 1076, il publia donc une décrétale qui défendait à ses successeurs de soumettre leur nomination à la puissance temporelle : de ce jour la chaire pontificale fut placée au même étage que le trône de l’empereur, et le peuple eut son César.

Cependant Henri IV n’était pas plus de caractère à renoncer à ses droits, que Grégoire VII n’était d’esprit à s’y soumettre ; il répondit à la décrétale par un rescrit. Son ambassadeur vint en son nom à Borne ordonner au souverain pontife de déposer la tiare, et aux cardinaux de se rendre à sa cour, afin de désigner un autre pape. La lance avait rencontré le bouclier, le fer avait repoussé le fer.

Grégoire VII répondit en excommuniant l’empereur.

À la nouvelle de cette mesure, les princes allemands se rassemblèrent à Terbourg, et comme l’empereur dans sa colère avait dépassé ses droits, qui s’étendaient à l’investiture