Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/165

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Cette fois, les chevaux étaient si misérables que c’eût été conscience d’exiger qu’ils allassent autrement qu’au pas. Le prince mit donc six autres heures à aller de Pontedera à Empoli.

En entrant à Empoli, le cocher arrêta sa voiture et s’en vint à la portière.

— Son Excellence couche ici, dit-il au prince.

— Comment, je couche ici, est-ce que nous sommes à Florence ?

— Non, Excellence ; nous sommes à Empoli, une charmante petite ville.

— J’ai payé douze piastres à ton maître pour aller coucher à Florence et non à Empoli. J’irai coucher à Florence.

— Où est le papier, Excellence ?

— Va-t’en au diable avec ton papier.

— Votre Excellence n’a pas de papier ?

— Non.

— Bien, dit le cocher en remontant sur son siège.

— Que dis-tu ? cria le prince.

— Je dis très bien, répondit le cocher en fouettant ses haridelles.

Et pour la première fois depuis Livourne, le prince se sentit emporté au petit trot.

L’allure lui parut de bon présage : il mit la tête à la portière. Les rues étaient pleines de monde et les fenêtres illuminées ; c’était la fête de la madone d’Empoli, qui passe pour fort miraculeuse. En passant sur la grande place, il vit qu’on dansait.

Le prince était occupé à regarder ce monde, ces illuminations et ces danses, quand tout à coup il s’aperçut qu’il entrait sous une espèce de voûte ; aussitôt la voiture s’arrêta.

— Où sommes-nous ? demanda le prince.

— Sous la remise de l’auberge, Excellence.

— Pourquoi sous la remise ?

— Parce que ce sera plus commode pour changer de chevaux.

— Allons ! allons ! dépêchons, dit le prince.

Subito, répondit le cocher.